mercredi 28 février 2018

Apostoles, le 28 février



À environ une heure de route de Posadas, Apostoles semble une jolie petite ville avec de beaux parcs. Devant l’église San Pablo y San Pedro un beau monument (1972) rendant hommage aux premiers colons ukrainiens et polonais qui à partir de 1897, se sont dédiés à l’agriculture et ont fait d’Apostoles la capitale nationale de la Yerba Mate.

À treize kilomètres de la ville on visite le musée historique Juan Szychowski qui raconte la vie du fondateur de la Cachuera S.A. qui est une des principales entreprises de mate du pays et la plus ancienne de la région.

C’est en 1900 que Juan arrive de Pologne à l’âge de 11 ans avec sa famille. Sa future épouse est aussi du voyage. Il commence à travailler comme apprenti forgeron et possède sa propre boutique de forge à 18 ans. Avec le reste de la famille il se consacrait aussi à l’agriculture mais les temps étaient durs. Ils pensaient même retourner en Pologne ou se diriger vers le nord de l’Amérique.

En 1914 il se rend à Buenos Aires pour chercher du travail et gagner un éventuel voyage, mais c’est la guerre. Il y travailla et remarque un tour de précision qui l’impressionne. De retour à Apostoles il en fabrique un en bois, puis un en métal. Il construisit lui-même tout l’équipement complexe requis pour moudre, le riz, le mais et enfin la yerba mate. En quête d’énergie il construisit un barrage et un canal pour amener l’eau nécessaire pour fournir l’énergie hydraulique requise

C’est aujourd’hui un immense complexe agro-alimentaire des plus modernes qui produit 30 millions de kilos de yerba et de riz.

Visite très intéressante qui nous donne l’occasion, pour la première fois en trois voyages en Argentine d’enfin gouter au fameux mate. C’est assez bon, comme du thé et le processus de fabrication un peu similaire. 


Camion de mate
On visite aussi la réduction jésuite de Santa Maria La Major qui s’est implantée là à la fin du XVII. La préservation du site est impressionnante, Une petite chapelle semble toujours de service.


Posadas

Photos

mardi 27 février 2018

Posadas, le 27 février

Ruines des estancias à Posadas réclamées par Santa Ana

Après un autre passage orageux, on visite le petit musée Andrés Guacurari qui renferme quelques restes archéologiques des populations guaranis d’avant et pendant l’ère jésuite. Quelques pièces dont un porte photos remarquable. Une section du musée est consacrée à l’alimentation de cette époque, et on peut y voir le fameux mate, boisson nationale découverte par les guaranis, autant en sacs qu’en plante vivante.

La constitution de l’Argentine permet l’immigration de tous ceux qui veulent venir y faire leur vie. Un mélange de tous les peuples européens, des premiers habitants et des populations boliviennes et péruviennes en fait un amalgame très varié.

maté - avec la directrice du musée
Déjà 30 ans!

dimanche 25 février 2018

Posadas, le 25 février

Santa Ana
Ce qui reste de l'église - le plancher est toujours là mais à 30cm sous la terre pour le protéger (pour l'instant)
Avec notre intéressant guide
Loreto
Avec notre hôte

Nous sommes à la fin du XVII, enfin c’est ce que disent nos deux protecteurs qui s’appellent pères jésuites. Nos chefs et nos chamans nous content l’histoire de nos ancêtres qui vivaient dans la région Rio Grande du Sud au Brésil. Mais les attaques incessantes des esclavagistes portugais ont amené mes grands-parents ici en 1660.

J’ai 25 ans et ma femme 23, je suis très fier de mon fils de 7 ans qui ira bientôt à l’école pour apprendre l’espagnol, le latin et même comment écrire notre langue, le guarani. C’est tout un privilège d’être un des rares ainsi choisis pour étudier avec le pères. Avec lui et nos deux filles nous vivons dans une grande maison où nous avons une petite pièce fermée comme plus de deux autres milles familles.

Je travaille le bois dans un atelier où le père jésuite nous montre aussi la sculpture, et notre famille cultive un lopin de terre avec de drôles de plantes bizarres que mangent les pères. À l’extérieur du village on cultive aussi le manioc, la patate douce, le blé d’inde et le maté. Rien ne nous appartient car tout appartient à Dieu. On lui remet le travail de deux jours de travail par semaine, c’est la part de dieu. Moi et ma famille on préfère la viande et notre village mange 47 vaches par semaine.

Les pères jésuites nous on fait bâtir une grosse maison à l’extrémité de la place principale où on se rassemble pour nos cérémonies et rassemblements civiques. Elle est immense, 23 par 64 mètres et peut accueillir 3 000 personnes. Un jour par semaine les pères nous y rassemblent pendant qu’ils parlent à leur dieu. Même ceux d’entre nous qui comprennent l’espagnol n’y comprennent rien car le dieu blanc ne parle ni, guarani, ni espagnol mais la musique est belle.

Quand on nous attaque, on s’y enferme et on a assez de provisions pour tenir au moins deux lunes. Les prêtres m’ont versé de l’eau sur le front et je dis croire en leur dieu, pas de problèmes ils peuvent bien appeler Namandu, dieu le père, le bon dieu, Jésus et le dieu du mal, Lucifer, ce n’est pas bien grave. En gros on vit assez bien dans une réduction jésuite-guarani, pas autant que nus dans la forêt, mais certainement mieux qu’en esclavage. Seul nos chefs se plaignent parfois de n’avoir qu’une femme, mais c’est ainsi que veulent les jésuites.

Pour l’instant ma mère veuve vit dans le Cotiguazu et est nourrie par la communauté. Elle ira un jour dans le cimetière des femmes, mon père est dans celui des hommes et ma sœur morte avant son mariage dans celui des filles. Les prêtres cachent leurs morts sous le beau plancher de l’église. On vit dans une société sans argent, concept qui nous est inconnu car tout appartient aux dieux et on travaille tous pour la communauté. Mais j’ai entendu une rumeur que dans une grande ville très loin, Buenos Ayres, les jésuites creusent des tunnels pour éviter de passer leurs produits par la douane royale et de payer l’impôt dû. C’est donc compliqué la vie blanche, qui sait ce qui va leur arriver s’ils n’écoutent pas leur grand chef qu’ils appellent : REY, eux disent écouter un autre chef qu’ils appellent : EL papa negro. - À suivre


De l'autre côté le Paraguay - il fait tellement chaud ici que il ne se passe rien de 12h30 à 5h le souper est vers 23h
Photos

samedi 24 février 2018

Concordia - Posadas, le 24 février

Environ 8 heures de bus pour rejoindre la capitale de l’état de Misiones, ville d’environ 350 000 habitants. Notre souvenir de cette ville, c’était la chaleur torride, et c’est ce que l’on retrouve. Ici il faut vivre avant 11h du matin ou après 7 heures du soir. Le cœur de la journée est trop chaud. Nous sommes bien installés à deux pas de la Costanera avec une vue splendide sur la ville d’Encarnation, de l’autre côté du rio Parana. C’est si près mais si loin. 

Le pont International San Roque Gonzalez relie bien les deux rives, les deux villes et les deux pays mais c’est une attente de 2 à 5 heures pour traverser. De plus les canadiens doivent posséder un visa, très cher (150US) pour mettre les pieds au Paraguay. Qu’attend donc Justin pour se déguiser en guarani, le peuple indigène majoritaire au Paraguay. 

La province de Misiones est une enclave qui s’avance entre le Brésil et le Paraguay. Certes c’est l’Argentine mais la tête et le cœur sont bien plus près de c’est deux pays que de Buenos Aires qui est si loin, 14 heures de route.

Après la nuit dans 1'autobus on arrive à Posadas
De l'autre côté le Paraguay
Après une journée à 39 ça fait du bien d'être dans la piscine - ici rien ne se passe entre 12h30 et 5h - tout le monde se cache du soleil tout est fermé

vendredi 23 février 2018

Concordia, le 23 février


Il faut plusieurs voyages pour finaliser l’image du casse-tête de la grande histoire du monde. Lors d’un voyage en Argentine en 2014 nous avions vu l’histoire de l’immigration européenne dans la province argentine d’Entre Rios. Lors d’un récent voyage en Europe de l’est nous étions frappés par l’histoire de la communauté juive dans les états Baltes. Aujourd’hui on trouve la pièce qui unie ces deux histoires. Gros merci à Adolfo Gorskin, le directeur du Museo Judio d’Entre Rios qui nous offre une visite privée qui se veut une conférence historique.

L’histoire de la diaspora juive commence en 70 sous l’empire Romain. Mais sautons presque deux mille ans et on se retrouve dans la Russie de Catherine qui veut se débarrasser des juifs de son empire et qui les regroupe dans la Zona de residencia de los Judios Rusos. Protégés par les Cosaques! plus de 4 millions de juifs y vivaient en 1885 et elle resta en opération jusqu’en 1917, fin du régime tsariste. Cette vaste région comprenait approximativement, l’Ukraine, la Biélorussie, les états Baltes et une partie de l’actuelle Pologne.

Le directeur du musée montre la photo de son père

Le fondateur du musé

On allait à l'école à cheval
En 1882, plus de 500,000 juifs furent expulsés des terres qu’ils exploitaient, ajoutons les pogroms décrétés par le tsar, et à partir de 1880 un un exode massif commença vers les États-Unis, l’Angleterre, l’Europe, l’Amérique du Sud et la Palestine.

En 1890 un richissime philanthrope français, le baron Hirsch affréta le vapeur Pampa qui parti de Odessa avec 917 personnes et atteint Buenos Aires. 

https://www.cairn.info/revue-archives-juives-2011-1-page-70.htm
https://www.les-crises.fr/les-juifs-d-europe-orientale/

 De là, péniblement ils prirent le chemin difficile à travers la pampa argentine, jour et nuit les chariots avançaient vers la liberté et enfin la possession de terres qu’on ne leurs enlèveraient pas. Ainsi commence l’histoire de Los Gauchos Judeos, ils seront déjà 20 000 en 1896. Une dizaine de communautés furent ainsi établis entre les fleuves Uruguay et Parana.

En 1945, un homme Victor Oppel, sortit d’Auschwitz, seul de sa famille ayant survécu et prit bientôt le chemin de l’Argentine mais fut refoulé au port par le gouvernement Perron parce que son quota de juifs était atteint. Par l’Uruguay il parvint à ses fins et fonda éventuellement le petit, mais combien intéressant, musée que nous avons visité aujourd’hui. 

De notre fenêtre

jeudi 22 février 2018

Concordia, le 22 février


Comme nous en sommes à notre troisième voyage en Argentine, il est temps de songer à l’achat d’une propriété, donc journée de visite de maisons.

La première est une demeure grandiose et prestigieuse d’inspiration française en plein centre-ville avec vue sur le Parque Urquiza. Elle fut érigée en 1916 par un descendant d’une famille espagnole arrivée à Buenos Aires en 1838. Le palais Arruabarrena nous conviendrait parfaitement mais comme disent les agents d’immeubles, il a besoin de beaucoup d’amour.

La deuxième est au centre d’un beau grand parc donnant sur le rio Uruguay et fut bâtie par la famille Demachy venant de France entre 1888 et 1891. Après leur départ précipité et inexpliqué elle fut occupée entre autres par la famille Fuchs-Vallon qui accueilli entre autres Antoine de Saint-Exupéry qui puisa dans le coin l’inspiration pour Le Petit Prince.

Ce n’est pas le feu de 1938 qui nous dérange mais on dit qu’il y aurait des fantômes. Alors on continuera nos recherches ailleurs. 

 

photos