Se limiter à la visite
de ce petit village de 14 000 personnes sur le golfe de Nicoya ne donnerait pas
une bonne idée du pays; alors, contre nos habitudes, nous prenons un tour guidé
vers la capitale San José.
Au large, avant 1981, Isla San Lucas était une
prison, souvent politique. On ne s’attarde pas à Puntarenas et entreprenons
notre voyage vers San José par des routes étroites et sinueuses avant de
rejoindre un trajet plus facile, surtout qu’un dimanche la circulation n’est
pas intense. On y croise beaucoup de cyclistes, ouf pour eux. On se promène
entre des montagnes et des plantations de café.
On ne peut pas dire
que la ville, San José, est belle; les beaux édifices coloniaux ayant beaucoup
soufferts des nombreux tremblements de terre affectant le pays, il en reste
quelques-uns comme le bureau de poste et le Théâtre National que nous visitons.
Construit entre 1890 et 1897 pour divertir la haute société de producteurs de
café, il est très richement décoré d’or et était à la fine pointe de la
technologie de l’époque. Avec entre autres un éclairage électrique et un
immense candélabre pouvant monter et descendre. Il nous rappelle le théâtre Colon
de Buenos Aires; aujourd’hui assister à un spectacle coûte de $10 à $50 USD.
La population de la
capitale et de ses environs est de 1,3 millions; on réfère souvent à un des
quartiers les plus pauvres comme le petit Managua. (Capitale du Nicaragua)
Nous poursuivons avec
la visite d’un musée d’art précolombien. Or, poteries, sculptures dans la
pierre volcanique; trop rapide et nous en avons vu bien d’autres.
Après un lunch
typique, nous passons par la ville de Grecia et ses nombreux concessionnaires
automobiles. Comme l’importation d’un véhicule est taxé à 50 %, beaucoup
d’autos accidentées ou défectueuses arrivent au Costa Rica, le taux est
beaucoup moindre et les Ticos sont de bons mécaniciens.
On croise une église entièrement construite en métal en 1897. Les pièces du mécano viennent de Belgique sauf les portes et les fenêtres que le IKEA de l’époque avait oublié de mettre dans la boîte. Il fallut 2 ans et un peu de corruption électorale pour monter le puzzle.
Un tour organisé ne serait pas complet sans l’arrêt
magasinage qui se fait à Sarchi dans un ancien atelier de carreteras de
boyeros, qui est un peu le symbole du pays. Ces charriots utilisés à l’époque
pour transporter le café peuvent faire 14 x 3 mètres, sont finement décorés
souvent en orange et bleu. De nos jours ils sont surtout décoratifs. On y vend
toutes les attrapes touristes et le fruit du travail des artisans locaux. Un
court orage violent nous rappelle que nous sommes en pleine saison des pluies.
Revenons un peu sur la
géographie, l’histoire et la population du pays.
Pays très jeune dans
l’histoire géologique il est sorti de l’océan pour unir les deux Amériques. De
nos jours il y a 112 volcans dont 6 considérés actifs, un d’eux a même craché
ses cendres il y a une semaine. Ceci a amené une biodiversité des plus riches
qui fait la fierté du pays. Différents types de singes, des paresseux, des
chats sauvages dont des jaguars, des serpents et des crapauds souvent venimeux,
de nombreuses sortes d’oiseau, vautours compris, et d’immenses crocodiles sont
parmi les gentilles bêtes du pays.
Il y a deux saisons,
saison des pluies et saison sèche, la température est assez stable entre 25 et
30C et le jour et la nuit sont stables toute l’année à 12 heures.
Découvert par Colomb
qui le nomma Costa Rica, les espagnols se mêlèrent aux indigènes pour engendrer
les mizistos. En 1821 le pays obtient l’indépendance de l’Espagne et
immédiatement commença la production du café et son exportation vers
l’Angleterre. Ce café Arabica fut introduit en provenance de la Martinique. À
cette époque il avait une classe possédante très riche et les pauvres
travailleurs cueilleurs des grains de café. Le billet de 5 colons, rappelle
cette époque. Dessiné en Italie, il présente de nombreuses incohérences avec la
dure réalité de l’époque. Il vaut 0,01 mais se vend $2,00 comme souvenir.
En 1871 on entreprend
la construction d’un chemin de fer pour éviter aux cargaisons de café le long
trajet par le Cap Horn en grande partie avec de la main d’œuvre chinoise. Des
problèmes de santé: malaria, fièvre jaune et corruption (santé mentale ???)
minèrent le projet. Il fut repris avec des travailleurs jamaïcains qui sont à
l’origine de la population noire sur la côte des Caraïbes, population
discriminée jusqu’en 1949 sans droit de se rendre dans le centre du pays.
En 1890 commença la
construction du Théâtre National grâce à une taxe sur l’exportation du café et
sur les importations. En 1894 l’électricité fut établie à San José, la troisième
ville au monde après New York et Paris.
Finalement, le
gouvernement Costaricain s’entend avec un entrepreneur américain Minor Cooper
pour réaliser le chemin de fer si important pour l’économie du pays. Il paya
$800 000 au début avec promesse d’une somme égale à la fin. Pero, no tienne los
dineros.
En échange Minor
obtient la fille du président et des terres le long du chemin de fer où il
planta des bananiers. Ce fut le début de la United Fruit Co qui fit faillite
avec le crash de 1929. Les terres revinrent à l’état qui les vendit à de
grandes compagnies comme Dole et Chiquita.
Une guerre civile en
1948 bouleversa le pays, l’armée fut abolie et le budget alloué auparavant à la
défense fut consacré à l’éducation.
De nos jours, le
projet d’un canal traversant le lac de Nicaragua et le rio servant de frontière
nord avec le Nicaragua entretient un différend entre les deux voisins. Le
projet, supporté par les chinois, devrait voir un jour aboutir. Ceux-ci courtisant
aussi le Costa Rica avec le nouveau stade de San José. En contrepartie, le
Costa Rica projette une ligne de chemin de fer transportant des centaines de
milliers de containers entre l’Atlantique et le Pacifique, des intérêts
hollandais construisent actuellement un immense port sur les Caraïbes.
Le Costa Rica possède
aujourd’hui une économie plus diversifiée que le café et les bananes mais
encore centré sur l’agriculture. Il possède un classe moyenne importante (60%),
le cout de la vie est élevé comparé à ses voisins: Sept fois plus cher ici
qu’au Nicaragua et cinq fois plus qu’au Panama.
Le salaire minimum est
d’environ $800 Cnd. Un professeur gagne environ $2200 mensuellement. Les plus
pauvres, souvent de l’immigration illégale du Nicaragua devant se contenter de
plus ou moins $500. L’indice Mc ’Do est à $5.
La population comprend
4,8 millions de Costa Ricains plus 1,2 millions d’illégaux du Nicaragua.
La criminalité se
concentre dans certains quartiers chauds de la capitale et les barres de métal
sur toutes les fenêtres des maisons sont plus culturelles qu’essentielles.
Le machisme
traditionnel sud-américain perd des plumes avec l’éducation, le travail des
femmes et la chute de la natalité.
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