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Lorsque l’on passait cette guérite c’était le commencent de
la fin…
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Les prisonniers entraient par ici, ils vivaient attachés sur
leur lit, torturés, et «transférés» pour devenir des «desaparecidos » |
Mon dernier reportage sur une
maison d’enseignement (Cambodge) fut censuré par une agence pire que la C.I.A.
alors j’ignore ce qui arrivera à celui-ci.
Dans un beau domaine cédé par la
ville à la Marine Militaire, les jeunes étudiants (15-20 ans) viennent
apprendre les sciences maritimes. Dans
un cadre champêtre au cœur de la ville, de beaux bâtiments blancs dispersés
entre de beaux grands arbres, tout semble propre et ordonné. En 1976, il semble
y avoir quelques places de libres à la «Escuela de Mecanica de la Armada».
Dans les rues de la Capitale Fédérale
certains jeunes et moins jeunes s’occupent des unions (les unions quoi «ça
donne»), des droits de l’homme et d’autres frivolités du même genre. On y
trouve même des péronistes et oui, quel danger pour la nation, des carrés
rouges.
Une réorientation de carrière
s’impose pour certains, ce n’est pas avec les sciences sociales qu’on bâti un
pays mais avec la science et la mécanique. L’état providence prend les choses
en main et fait d’une pierre deux coups.
Ces «desaparecidos» n’ayant pas tous les mêmes
talents en mécanique, leur stage à l’école est plus ou moins long. Environ 5000
y passeront et seulement 200 échoueront le test final, la majorité des autres
mériteront leur baptême de l’air et feront une plongée dans les eaux de
l’Atlantique ou du Rio de La Plata. Preuve de l’évolution sociale de
l’Argentine à cette époque (1976-1983) beaucoup de femmes étudiaient la
mécanique maritime et celles enceintes se voyaient accorder un petit congé de
devoirs deux mois avant l’accouchement
Les professeurs du E.S.M.A.
s’assuraient même de trouver un foyer pour les nouveaux poupons dont certains
étaient marqués par leurs mères qui désiraient poursuivre leurs études.
Certains laissent courir le bruit
que la C.I.A et le mouvement Condor étaient les organisateurs de cette
formation en mécanique, avec mes talents en la matière je suis sûr que j’aurais
été du nombre des recalés, mais je crains que Françoise aurait fait une
dernière plongée. Aujourd’hui on appelle cet endroit le «centro clandestin de detention» pourtant
c’est en pleine ville, sur une rue passante, près du fleuve et à deux minutes
de beaux petits appartements (j’ignore s’ils existaient à l’époque).
Pour comprendre le 3ième
degré de Richard j’ai trouvé ce texte - à lire en entier pour le respect des
victimes
ARGENTINE 15 juin
2010 - Après la condamnation du
capitaine Astiz...
Les démons de Buenos-Aires - Trente mille disparus hantent l'Argentine
"les 30 000 disparus sous la dictature militaire hantent toujours le pays. Trente ans après leurs tortionnaires, dont le capitaine Astiz, passent en jugement. Un cas unique sur un continent où l'impunité est la règle.
Il a une gueule
d’ange. De bonnes joues encadrées de cheveux clairs, une mèche flottant sur des
yeux bleus, la lèvre un peu boudeuse. Beau, blond, gentil. Le gendre parfait.
Sur la photo d’époque, un gamin argentin de 26 ans qui se prend pour un
gentleman anglais, aime Goethe, Paris et la musique classique. Il dit s’appeler
Gustavo Niño - niño, enfant en espagnol -, un peu perdu, avec une mère
malade et la « disparition » de son frère, enlevé par les militaires.
Il semble si
fragile, ce garçon, très militant, trop, parfois un peu inconscient du danger,
mais couvé, protégé par deux religieuses françaises et les mères de la Place de
Mai qui recherchent leurs fils disparus. Plus tard, en décembre 1977, à la
sortie d’une salle de torture à l’Ecole de Mécanique de la Marine, Alice Domon,
l’une des deux religieuses, le corps couvert d’hématomes, incapable de marcher
après les séances de matraque électrique sur son sexe, demandera, la bouche
sèche : « Comment va le petit ? Des nouvelles ? » Elle
n’en aura pas. Avec Léonie Duquet, l’autre religieuse, elle sera jetée vivante
d’un avion, de 3 000 mètres d’altitude, dans la mer au large du Rio del Plata.
Il a une sale
gueule d’ange. Trente-trois ans plus tard, le regard bleu est d’acier, le
cheveu terne, la lèvre pendante, le visage creusé s’est durci. La brute a
assassiné le beau gosse. Sur les bancs du tribunal, les dix-sept autres accusés
portent un strict costume-cravate gris, pas lui. « Gustavo Niño »
arrive en jean, pull-over bleu, chemise à fines rayures, mâchant un
chewing-gum. Il sourit, pose, décontracté, cynique, et plaisante avec ses
gardes comme avec des subordonnés.
Ce 8 avril 2010,
face au tribunal fédéral de Buenos Aires, le capitaine Alfredo Astiz - son vrai
nom - est jugé pour enlèvements, torture et meurtres. Astiz dirigeait le GT
3.3/2, l’un des « groupes de travail » de l’Esma, l’Ecole de
Mécanique. Sur les 30 000 disparus de la dictature entre 1976 et 1983, 5 000
hommes, femmes, vieillards, enfants ont été détenus à l’Esma, torturés,
assassinés.
« Vous attendez quelqu’un ? »
Le procès devrait
durer six mois. Dès la première audience, Astiz a déclaré le tribunal
inconstitutionnel et s’est assis en posant sur ses genoux un livre intitulé
« Recommencer à tuer ». A l’époque des faits, les mères des disparus
cherchaient leurs enfants dans toute l’Argentine. Et chaque jeudi, elles
tournaient en rond sur la place de Mai en criant leurs noms. Pendant quatre
mois, le capitaine Astiz a infiltré le groupe de vieilles dames avant de les
envoyer à la mort. Au soir du 8 décembre 1977, devant l’église de Santa Cruz,
il a embrassé affectueusement la plus ancienne sur les deux joues : le
signal de l’arrestation.
Le restaurant est
au dernier étage du tribunal. A l’interruption de séance, tout le monde s’y
croise. Avocats, familles des disparus et celles des accusés. Impossible de les
confondre. Les uns sombres, silencieux, en habits simples ; les autres
souriants, en Dior et Chanel, virevoltant de mondanités sonores. Comme
Lucrecia, la soeur du capitaine Astiz, qui ricane en plein tribunal à la
lecture des horreurs de l’acte d’accusation. La table des riches manque de
chaises. Une élégante, bouche pincée, avise un siège libre et s’approche d’une
famille de victimes : « La chaise... je peux ? Vous attendez
quelqu’un peut-être ?- Oui. Désolé. Voilà trente ans qu’on
l’attend... »
Un peu à l’écart,
Ana-Maria n’a pas cillé. Elle est belle, Ana-Maria, douce et forte à la fois. A
l’âge de 16 ans, elle s’est vue morte. Enceinte de trois mois, enlevée, mise au
secret : matricule K-04. Son amoureux, militant de gauche, a réussi à
fuir. Elle se retrouve, une lourde chaîne aux pieds, dans un sous-sol,
suspendue à une poutre. D’abord la picaña, la matraque électrique ; les
cigarettes écrasées sur la peau ; le « sous-marin », sac
plastique et baignoire. Et les coups, bien sûr : « Tes amis ?
Ton mari ? Où sont-ils ? » Elle saigne d’un tympan crevé. De
retour de l’infirmerie, la torture reprend : « Je n’arrivais pas à
crier. Eux croyaient que je pratiquais le yoga... et ils augmentaient la puissance
de l’électricité. » Dix séances en quatre mois. Sur sa paillasse, attachée
à un madrier, elle est sûre que son bébé est mort.
L’avenue du
bonheur« Une nuit, j’ai senti quelque chose bouger en moi... » Tout
bascule : « Il y avait une partie de moi qui leur échappait. Elle
était avec moi, en moi, cela m’a sauvée. » Au sixième mois de grossesse,
après la dernière séance de torture, K-04 parle à son enfant, il bouge
toujours, lui répond. Au septième mois, fait rarissime, elle est libérée.
Anémiée, moribonde, elle écrit : « Mi sangre fue tu vida/ Tu sangre
fue mi fuerza », « Mon sang fut ta vie/ton sang fut ma force. »
Dehors, sa mère attend. Esther Careaga, ex-militante politique exilée d’Uruguay
est une femme hors du commun. Dès la disparition d’Ana-Maria, elle a rejoint
les Mères de la Place de Mai. Elle conduit la survivante par bateau à
Montevideo, la met dans le premier avion pour le Brésil et revient aussitôt à
Buenos Aires reprendre sa place parmi les « folles de Mai ».
« Esther ! Ta fille est libre... Ne risque plus ta vie !
Va-t-en ! - Non. Tous les disparus sont mes enfants. »
Au Brésil,
Ana-Maria a retrouvé son futur mari et pris un avion pour la Suède. Leur bébé,
une fille, naît le 11 décembre 1977. Aujourd’hui, à 49 ans, Ana-Maria est
devenue psychanalyste mais sa voix tremble toujours en racontant son premier
appel téléphonique vers l’Argentine : « Je voulais tellement annoncer
la naissance à ma mère ! On m’a répondu qu’elle... venait d’être enlevée
trois jours plus tôt. » Esther Careaga a été arrêtée le 8 décembre, à
l’église de Santa Cruz, par l’équipe dirigée par Astiz. « Je ne l’ai
jamais revue. » Pimpante, cette école, avec ses murs blancs brillant au
soleil, des toits de tuiles rouges noyés dans le vert tendre des eucalyptus et
des jacarandas. Atelier, salle de cours, imprimerie, bibliothèque... l’Ecole de
Mécanique de la Marine argentine n’a jamais cessé de fonctionner.
Les sous-officiers
torturaient en sous-sol et dormaient au premier étage. Les cadets, de 15 à 20
ans, étudiaient ou gardaient les détenus enchaînés sous les toits du grenier,
la Capucha. Pimpante mais sinistre, dès la chaîne de la guérite en béton qui
marquait le passage dans un autre monde. Le matricule 325, Victor Basterra,
employé de banque, péroniste de gauche, a survécu ici quatre ans et demi. Une
nuit, la porte de sa chambre a explosé. Victor, sa compagne et sa fille de deux
mois sont enlevés.
Direction l’Esma.
Il se retrouve nu, sanglé sur un lit de fer, un fil électrique attaché aux
orteils. Victor se rappelle la puanteur de la cagoule, le goût du tissu, durci
par le sang séché des torturés qui mordaient leur langue de douleur.
« Caroline », surnom de la gégène, est branchée sur 220 volts et
équipée d’un variateur pour éviter aux tortionnaires l’odeur de la chair
brûlée. « Je sentais mon coeur lâcher. » Un médecin lui prend le
pouls : « 150... Bof ! Les pilotes en piqué font du 130. Alors
20 de plus... » Victor fait deux arrêts cardiaques. On le réanime et on
reprend.
Sa cagoule retirée,
il voit sa compagne torturée devant lui mais ne parle pas. La séance a commencé
vendredi à 10 heures du matin, il est samedi 18 heures. Fatigués, les
tortionnaires se relaient. Un sous-officier lui pose sa fille sur le
ventre : « Elle aussi ? Bueno, comme tu veux... » Le bébé
hurle, Victor craque, donne les deux rendez-vous clandestins. Les tortionnaires
rient, ils le savaient déjà. Aujourd’hui, à 65 ans, petit homme solide, trapu,
moustache et chemise blanches, assis sur les marches qui menaient aux salles de
torture, surnommée « l’avenue du bonheur » par les marins, Victor peut
redessiner de mémoire les plans de chaque box.
Il a passé des mois
enchaînés, à la Capucha. Le jour, des bruits d’avions, les cris de joie des
enfants d’une cour de récréation proche, « la vie ! » et, la
nuit, les hurlements des torturés, des femmes violées par les gardiens. Les
détenues qui accouchaient étaient aussitôt exécutées et leurs bébés volés - 500
au total -, adoptés par des amis du régime en mal d’enfant. « Tu veux
vivre ? », lui demande un officier. « Alors, tu vas
travailler. » Pendant quatre ans, Victor, spécialiste en écriture
bancaire, va fabriquer des faux passeports pour les agents envoyés à l’étranger
traquer les exilés. Il n’a jamais oublié le visage d’Astiz : « I l
était ici comme chez lui et assistait parfois aux séances de torture. »
Un jour, Astiz
reconnaît un ancien collègue de lycée, devenu écrivain engagé.
« Juan ! Que fais-tu ici ? - Alfredo ! Et toi ? »
Astiz lui fait enlever ses chaînes, embrasse son ami, l’emmène en ville boire
un café, lui raconte ses peines de coeur et... le ramène à l’Esma, en salle de
torture.
Les vols de la mort
Victor n’a jamais
jeté les négatifs des photos qu’il a cachés dans la boîte de papier
photosensible, toujours fermée. Une ’ nuit, à la Capucha, avant de mourir, son
meilleur ami lui souffle : «Victor, si tu t’en sors, fais que tout
ça ne reste pas impuni.» Le 3 décembre 1983, une semaine avant le retour
de la démocratie, les marins le libèrent. « On aurait dû tous les
tuer ! », a regretté plus tard « El Tigre », le chef
d’Astiz. Il avait raison. Victor s’en va avec, planqué dans son slip, un
rouleau de 80 photos de tortionnaires : «J’emportais leurs visages,
c’était ma revanche... » Parmi eux, le portrait d’Astiz, une des preuves
qui serviront au procès.
Chaque mercredi, le
rituel des « vols de la mort » était le même. A la nuit tombée, sur
l’aéroport proche de l’Esma, une trentaine de personnes cagoulées avancent en
titubant vers un avion de la navale. Le médecin de l’Ecole leur a administré
une dose de Penthotal. Un pilote, ébranlé, demandera conseil au curé de l’Esma,
le religieux lui répondra que « c’est la mort la plus chrétienne
possible ». Et l’Eglise prêtera l’une de ses îles, réservée aux retraites
spirituelles, pour que les militaires puissent cacher leurs détenus au passage
d’une mission d’enquête internationale !
Dans l’avion qui
décolle, une seconde dose de sédatif assomme les encagoulés et l’équipage
dénude les corps. Direction sud-est, là où les eaux boueuses du Rio del Plata
se fondent dans la haute mer. A 9 000 pieds, 3 000 mètres d’altitude, un grand
vent balaie l’intérieur de la carlingue et les marins poussent les détenus
endormis dans le vide. De cette hauteur, la mer est dure comme du béton. Et les
courants marins emporteront les cadavres. Disparus, comme le souhaitent les
militaires. Tous... ou presque.
« Les disparus, quels disparus ? »
Sur l’immense plage
de Santa Teresita, à trois heures de la capitale, Nestor Aguero regarde l’océan
balayé par le vent violent de la pampa. Avec l’été austral, l’eau est chaude et
la marée puissante. Ce matin de janvier 1977, Nestor, le maître-nageur, voit
apparaître un corps dans les vagues, à peu près entier mais gonflé et très
abîmé : « Une femme... quatre à cinq jours dans l’eau... Quand j’ai
voulu la saisir par le poignet, la chair s’est détachée », dit Nestor.
Trente-cinq cadavres, la plupart en morceaux, s’échoueront sur la côte. A
l’époque, Santa Teresita n’a ni télévision ni radio et Buenos Aires est si
loin : « I l y avait des rumeurs, bien sûr. Mais personne n’osait en
parler en public.»
Nestor regarde le
ciel, l’océan et vacille : «Je savais. J’ai toujours su. Tout le
monde savait.» Une partie des corps désarticulés est enterrée dans une
fosse commune. Le gardien se souvient du trou qu’on leur a fait creuser, des
militaires qui les écartent et de ce tas de sable sur lequel il a planté une
croix de bois, par charité chrétienne. Cinq autres corps, dont on coupe les
mains pour identification policière, sont enterrés au cimetière du village de
General Lavalle. Quelques caveaux familiaux surchargés de photos et de dorures
et, dans un coin, des tombes anonymes, classées « NxN », non
identifiées, oubliées, pendant près de trente ans.
« Les
disparus ? Quels disparus ? Mais où sont-ils... Ils n’existent
pas ! » dira, triomphant, le général Videla, chef de la junte. Le
problème est le même à chaque procès des 1 464 bouchers de la dictature. Pas de
corps identifiés ? Donc, pas de « vols de la mort », pas
d’homicides, pas d’assassins. Oui, il y avait des témoins de l’enlèvement des
mères et des religieuses par le commando dirigé par Astiz, à l’église de Santa
Cruz. Et des survivants de l’Esma qui ont vu les femmes et Astiz au sortir des
salles de torture. Enlèvements, torture... oui. Mais comment prouver les
assassinats sans les corps ?
«Là, les deux
mâchoires brisées et les clavicules, ici, les côtes et, là aussi, les têtes
fémorales et les talons..., dit Daniel Bustamante, coordinateur de l’équipe
d’anthropologie légiste, en montrant les fractures sur une radio, le squelette
d’une personne tombée d’un avion ne trompe pas.» En 2005, l’équipe
compare les milliers d’empreintes digitales des rapports de police avec ceux
des personnes disparues. L’une d’elles correspond à celle des mains d’Angela
Auad, enlevée... à l’église de Santa Cruz. Le reste ressemble à une fable. Les
légistes déterrent les corps au cimetière de General Lavalle et identifient
cinq personnes : la religieuse Léonie Duquet et trois mères de la Place de
Mai dont Esther Careaga, la mère d’Ana-Maria !
«Personne
n’arrivait à y croire», dit le légiste. 30 000 disparus, 5 000 à l’Ecole
de Mécanique, une quarantaine de corps retrouvés épars, cinq seulement
ensemble. Une possibilité quasi nulle d’identifier les mères de la Place de
Mai. « Si Astiz est aujourd’hui inculpé d’assassinats, plus de trente ans
après les faits, il le doit aux mères et aux deux religieuses, dit le légiste.
Quelles femmes !»
Peu importe qui est
Astiz. Un monstre banal qui se prend pour un héros, hanté par la défense de
l’Occident, la haine des juifs et des « subversifs », play-boy de
magazine, militaire de bonne famille pétri de la culture nazie des exilés
allemands à Buenos Aires, élevé à l’école de la sale guerre des Américains
contre le communisme et des paras français de la bataille d’Alger ?
« Astiz, derrière ses grands airs, n’est qu’un assassin de femmes, dit un
de ses biographes. Il est surtout le produit du vide moral, spirituel et
idéologique de la dictature. » Aujourd’hui, le faux ange blond est devant
ses juges.
Et les mères ?
Placez-vous un jeudi à 15 h 30, sur la place de Mai, au centre de Buenos Aires,
et attendez qu’elles arrivent, leur fichu sur la tête, très vieilles femmes
fragiles, mais obstinées à scander le nom de leur enfant disparu. Plus de
trente ans après, elles tournent encore.
Jean-Paul Mari
Les
bourreaux et la justice
1974 : à la mort du
président Perón, sa femme, Isabel, lui succède.
1976 : coup d’Etat
militaire dirigé par le général Videla. Vagues d’arrestations et
d’enlèvements; 30000 disparus en sept ans.
1982 : la débâcle de la
guerre des Malouines sonne la fin de la dictature.
1983-1985 : retour de la
démocratie. «Procès des juntes», plusieurs chefs militaires, dont
le général Videla, sont condamnés à la prison à vie.
1986-1987 : le
gouvernement accorde une prescription anticipée aux tortionnaires et disculpe
les gradés ayant agi sur ordre.
1990 : le président Carlos
Menem déclare un pardon général.
2003 : abolition des
«lois du pardon».
2006 : premier procès des
militaires, qui qualifie de génocide le terrorisme d’Etat pratiqué par la
junte.
2009-2010 : début du
procès de 17 tortionnaires de l’Ecole de Mécanique de la Marine argentine.