En ce samedi saint, on se rend dans le quartier Barracas pour visiter le complexe historique Santa Felicitas. Ce quartier est adjacent à celui de la Boca et on s’y rend en autobus. Le système de bus semble aussi efficace et rapide que celui du métro et le prix est le même, dérisoire, avec la même carte SUBE.
Avant la visite, on arrête pour une petite bouffe à Los ''Campiones'' une pizzeria du quartier. Si vous cherchez le trouble, allez-y avec un chandail blanc et rouge (River), ici on ne trouve que des chandails aux couleurs du CABJ, le bleu et le jaune. Nous ne sommes qu’à six quadras de la Bombonera, le stade du club Boca Juniors.
Sur la rue, on voit beaucoup de gens avec la kipa juive et on croise une synagogue, (une école), où on y étudie la Torah. Le bâtiment est protégé par une rangée de piliers (pour prévenir les attaques aux autos béliers) et par un policier qui ne cesse d’arpenter la rue devant lui. Impossible de visiter, l’accès est réservé aux hommes juifs. Goy et femmes doivent s’abstenir.
Le ''complejo Historico Santa Felicitas” est constitué d’un collège et de ses tunnels, d’un temple caché et d’une église. Le tout en l’honneur de Felicitas Guerrero de Alcaza, on reviendra sur son histoire.
Un musée occupe le sous-sol du collège, c’est la vie industrielle de la fin du XIXe qu’on évoque et celle des immigrants qui venaient ici se nourrir pour la modique somme de 0,20 pesos. Les religieuses et les bonnes dames les recevaient.
Au deuxième piso on visite un temple caché datant de 1893, ce beau temple néogothique avec ces 28 superbes vitraux ne fut jamais consacré, car le curé qui gérait sa construction et celle du collège se suicida après avoir été financièrement arnaqué.
Après avoir un temps attendu son ouverture, on visite enfin l’église principale.
Une de ses particularités est l’absence d’allée centrale, on ne peut s’y marier (sauf exception récente) ni y être baptisé. Elle fut construite par les parents de Félicitas après sa mort.
Revenons donc à son histoire.
À l’âge de 18 ans, en 1864, elle fut obligée par son père de se marier avec Martin de Alzaga, un homme de 50 ans, d’une très grande richesse, qui vivait en union libre avec sa femme et leurs quatre enfants.
Après un premier enfant, qui décéda de la fièvre jaune, elle donna la luz à un enfant qui perdit la vie à la naissance, le lendemain de la mort de son père.
Sur le coup, la plus belle femme d’Argentine devint aussi la plus riche femme du pays. Selon certains, elle ne respecta pas les stricts codes du veuvage et commença à fréquenter un flirt d’enfance: Enrique O’Campo. Mais un hasard la mit sur le chemin de Saenz Valiente, coup de foudre.
Enrique ne l’accepta pas et le 31 janvier 1872 tua celle qui avait refusé son amour. Après, il se suicida selon la version officielle.
Les parents de Felecitas, devenant
alors immensément riches firent construire l’église et demandèrent la construction
du collège.
Grande beauté et grande richesse n’amènent
pas toujours le Bonheur.
Photos Felicitas Eglisia Santa Felicitas