Toute la journée
je me suis demandé qu’est-ce que cette journée avait de spécial. C’est la fête
de Françoise, c’est le Vendredi Saint, c’est une fiesta populaire ou c’est la
guerre civile? Incroyable mélange des
genres.
De Pasto à
Popayan, 5 heures de route aux paysages généralement époustouflants, nous
sommes dans les Andes, ça descend, ça remonte, la route contourne et s’accroche
aux montagnes, le chauffeur conduit à la Sud-Américaine, on croise des hommes
portant des bouts de bois suivis d’une petite foule, on croise aussi des
soldats mitrailleuse à la main, ce n’est qu’en relisant le blog du frère de
Françoise ce matin (le 30) qu’on réalise avoir passé à travers la zone rouge,
domaine des FARC. Pour diner on arrête au «Parador donde canta la rana», il fait
beau et chaud.
La ville
est très propre et belle, tous les édifices du centre sont en ciment blanc bien
lisse ce qui enlève complètement cette apparence souvent délabrée des villes
latinos. Les rues sont bondées, est-ce une fête religieuse ou un carnaval, difficile
à dire en regardant les gens, on brûle de l’encens et on vend de «la barbe à
papa». Impossible de pénétrer dans les nombreuses églises, difficile
d’atteindre la table où les artisans vendent leurs produits, c’est noir de
monde partout.
On y loue
des balcons pour assister au show de la nuit, on croise une estrade ou
s’entasse des centaines de policiers recevant leurs instructions pour la soirée,
est-ce le Vendredi-Saint ou est le défilé de l’équipe de football de Popayan
qui vient de gagner un championnat? Même Houdini aurait de la difficulté à
sortir ou entrer dans un hôtel ou un restaurant, tout est barré double tour
avec des mécanismes médiévaux infranchissables.
On mange à
l’Institut Gastronomique Mona Lisa, Popayan est un haut lieu de la gastronomie
mondiale, c’est très bon mais j’en ressors confiant de conserver mon emploi de
chef attitré de Madame, pas évident de cuire le saumon à son gout.
Après le
souper, vers 21 heures, on assiste au grand défilé de nuit, depuis plus de
quatre heures des gens sont assis sur le bord du trottoir pour avoir une place
de choix, les plus chanceux ou fortunés possèdent ou ont loué un balcon donnant
sur la Sainte-Catherine locale.
Les gens
défilent lentement avec une petite bougie à la main, certains chantent des airs
religieux, des groupes portent une petite plateforme où domine une statue
religieuse entourée de hauts cierges, ce sont les chars allégoriques de
circonstances. Une foule compacte borde les rues.
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Au bar jazz Herman Bonilla me dédicace son livre ''Cosas caidas de la nada'' |
Tous les
bars et cafés sont ouverts, on entre dans un jazz-bar où un petit orchestre
joue, encore une fois quelle fête on fait à Françoise, dans mes souvenirs
l’office du Vendredi-Saint ne ressemblait pas à ça.
On
retourne voir la fin de la procession ou de la parade, c’est l’armée,
mitrailleuse à la main, qui ferme la marche suivie de quelques boyscouts.