Santa Ana |
Ce qui reste de l'église - le plancher est toujours là mais à 30cm sous la terre pour le protéger (pour l'instant) |
Avec notre intéressant guide |
Loreto |
Avec notre hôte |
Nous sommes à la fin du XVII, enfin c’est ce que disent nos deux protecteurs qui s’appellent pères jésuites. Nos chefs et nos chamans nous content l’histoire de nos ancêtres qui vivaient dans la région Rio Grande du Sud au Brésil. Mais les attaques incessantes des esclavagistes portugais ont amené mes grands-parents ici en 1660.
J’ai 25 ans et ma femme 23, je suis très fier de mon
fils de 7 ans qui ira bientôt à l’école pour apprendre l’espagnol, le latin et
même comment écrire notre langue, le guarani. C’est tout un privilège d’être un
des rares ainsi choisis pour étudier avec le pères. Avec lui et nos deux filles
nous vivons dans une grande maison où nous avons une petite pièce fermée comme
plus de deux autres milles familles.
Je travaille le bois dans un atelier où le père
jésuite nous montre aussi la sculpture, et notre famille cultive un lopin de
terre avec de drôles de plantes bizarres que mangent les pères. À l’extérieur
du village on cultive aussi le manioc, la patate douce, le blé d’inde et le
maté. Rien ne nous appartient car tout appartient à Dieu. On lui remet le
travail de deux jours de travail par semaine, c’est la part de dieu. Moi et ma
famille on préfère la viande et notre village mange 47 vaches par semaine.
Les pères jésuites nous on fait bâtir une grosse
maison à l’extrémité de la place principale où on se rassemble pour nos
cérémonies et rassemblements civiques. Elle est immense, 23 par 64 mètres et
peut accueillir 3 000 personnes. Un jour par semaine les pères nous y
rassemblent pendant qu’ils parlent à leur dieu. Même ceux d’entre nous qui
comprennent l’espagnol n’y comprennent rien car le dieu blanc ne parle ni,
guarani, ni espagnol mais la musique est belle.
Quand on nous attaque, on s’y enferme et on a assez
de provisions pour tenir au moins deux lunes. Les prêtres m’ont versé de l’eau
sur le front et je dis croire en leur dieu, pas de problèmes ils peuvent bien
appeler Namandu, dieu le père, le bon dieu, Jésus et le dieu du mal, Lucifer,
ce n’est pas bien grave. En gros on vit assez bien dans une réduction jésuite-guarani,
pas autant que nus dans la forêt, mais certainement mieux qu’en esclavage. Seul
nos chefs se plaignent parfois de n’avoir qu’une femme, mais c’est ainsi que
veulent les jésuites.
Pour l’instant ma mère veuve vit dans le Cotiguazu
et est nourrie par la communauté. Elle ira un jour dans le cimetière des femmes,
mon père est dans celui des hommes et ma sœur morte avant son mariage dans
celui des filles. Les prêtres cachent leurs morts sous le beau plancher de
l’église. On vit dans une société sans argent, concept qui nous est inconnu car
tout appartient aux dieux et on travaille tous pour la communauté. Mais j’ai
entendu une rumeur que dans une grande ville très loin, Buenos Ayres, les
jésuites creusent des tunnels pour éviter de passer leurs produits par la
douane royale et de payer l’impôt dû. C’est donc compliqué la vie blanche, qui
sait ce qui va leur arriver s’ils n’écoutent pas leur grand chef qu’ils
appellent : REY, eux disent écouter un autre chef qu’ils appellent :
EL papa negro. - À suivre
De l'autre côté le Paraguay - il fait tellement chaud ici que il ne se passe rien de 12h30 à 5h le souper est vers 23h
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