vendredi 19 février 2016

Jaffna, le 19 février


Revenons sur l’histoire du caporal Gamini Khularatha, elle explique bien les sentiments de la majorité cingalaise et les divisions profondes au Sri Lanka.

En 1991, le sixième bataillon Sri Lanka Sinha Regiment était complètement encerclé par les forces des Tigres Tamoules et ravitaillé seulement par des hélicoptères venant de Palali. Leur mission était de protéger l’étroite bande de terre reliant la péninsule de Jaffna au reste du pays, position hyper-stratégique.

Le chef du LTTE décida que la capture de cette base serait la mère de toutes les batailles. Une attaque massive de 5 000 hommes venant des provinces du nord et de l’est commença. Des canons anti aériens empêchaient le ravitaillement aérien.

Les vaillants soldats du 6e bataillon résistaient mais, les pertes étaient lourdes, devant un ennemi avec une grande supériorité numérique.

Le 13 juillet la première ligne de défense du camp était tombé et les troupes cingalaises se replièrent sur un point fort. Les terroristes convertirent un immense Bulldozer Caterpillar en tank et foncèrent sur la ligne Saltern pour pénétrer dans le camp retranché. Un premier périmètre fit percé et l’engin fonçait toujours. Dans un bunker le Lance Caporal Gamini Kularathna (26 ans) prit son fusil d’assaut et, une grenade dans chaque main, demandant au soldat Roel de le couvrir.

Il fonça vers le bulldozer et fut atteint de plusieurs balles, il parvint quand même à escalader l’arrière de l’engin et de tirer ses grenades pour tuer les quatre occupants du véhicule qui étaient enchainés dans une mission suicide.

Les soldats du 6e bataillon contre-attaquèrent et sécurisèrent le périmètre. Ils trouvèrent le corps de leur camarade criblé de balles et le combat continua pendant 18 jours.  Du rendort amphibie débarqua alors à 12 km et mit fin au combat. Son commandant le proposa alors pour la Parana Weera Vibushanaya, la plus haute décoration possible.

Sans son geste héroïque, le bulldozer rempli d’explosifs aurait causé la mort de près de 600 soldats et la perte de cette importante position.

Il y a deux ans un mémorial fut érigé sur l’A-9 juste avant Elephant Pass, les cingalais viennent s’y recueillir.

Combien de victimes innocentes doivent périr pour établir un héros, comment les tamils voient--ils cela. 

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