dimanche 31 mars 2013

Popoyan, le 31 mars


On se rend au «Puente el Humilladero» qui franchit le rio Molino, frontière entre le Popayan historique et les quartiers populaires, de l’autre côté du rio la ville reprend des aspects plus typiques des villes sud-américaines.


Le «Rincon Payanés » est un tout petit quartier où on retrouve quelques kiosques d’artisanat, rien de comparable au super Congrès des Métiers d’Arts visité la veille, mais la super abondance noie souvent les belles choses. Juste à côté une petite colline «El Moro de Belacazar» permet de jeter un coup d’œil de haut sur Popayan, quelques gouttes viennent nous surprendre, en redescendant, j’ignore pourquoi, mais je réalise qu’encore une fois l’histoire se répète: un éminent membre des Jeunesses Hitlériennes se réfugie dans la maison de campagne d’un haut dirigeant de l’église d’Argentine, question de point de vue, direz-vous.

En revenant à notre gite, la Casa de Mima, on a droit à un petit concert intime, les hôtes recevaient pour la première communion de leur petit-fils. On a droit au café, petit gâteau et verre de vin, rien pour briser notre indécision sur la suite du voyage.
   

Popayan, le 30 mars


C’est samedi saint aujourd’hui et on se doit de commencer notre journée par un  chemin de croix, on en profite pour grimper les  marches menant à la capila de Belen d’où on a un beau point de vue sur la ville; occasion aussi d’enrichir mon vocabulaire d’espagnol, quand je lis «Jesus cae por tercera vez», je comprends, sans dictionnaire,  que «cae» c’est «tombe», reste à le retenir.

On visite ensuite une très belle exposition d’orchidées, la Colombie possède 16,4% des orchidées de la planète, il y en a environ 4000 espèces. Le tout est présenté par l’Asociacion Payanesa de Orquideologia.



Devant un édifice historique on assiste à la relève de la garde.

En route pour le souper, on voit bien qu’il se prépare encore quelque chose ce soir, les policiers ferment les rues du centre-ville et quelques personnes commencent à s’assoir sur le bord des trottoirs. On se renseigne et il y aura bien une procession de 21 heures à minuit, qui s’amorcera à la cathédrale pour aboutir à l’église San Francisco.
Un peu après 19 heures, une petite foule est rassemblée devant l’église San Francisco, on voudrait la visiter mais elle est plongée dans l’obscurité; on remarque alors un prêtre qui allume un gros cierge, et tous ces gens qui se bousculent pour allumer leur bougie à même le cierge pascal. Puis une fois leur bougie allumée ils entrent dans l’église qui s’éclaire lentement.


Après notre repas, la foule a grossie sur le bord des rues, mais un peu moins qu’hier. Devant la cathédrale le cortège s’amorce avec en premier, le défilé de la fanfare des policiers de Popayan avec tambours et trompettes; de très nombreuses personnes suivent et encadrent les diverses plateformes, surmontées de statues religieuses datant d’au moins 1858, portées par des porteurs tous habillés de blanc avec un ceinturon rouge. Ce privilège de porteur se transmet de père en fils depuis des générations. Ces plateformes doivent être assez lourdes, car les porteurs s’arrêtent régulièrement et les déposent sur de petits piliers de bois. J’entendrai le son diffus de cette procession jusqu’à minuit et quart, elle doit alors avoir atteint l’église San Francisco pour la cérémonie de l’Eucharistie.   

samedi 30 mars 2013

Popayan, le 29 mars

Toute la journée je me suis demandé qu’est-ce que cette journée avait de spécial. C’est la fête de Françoise, c’est le Vendredi Saint, c’est une fiesta populaire ou c’est la guerre civile?  Incroyable mélange des genres.

 
De Pasto à Popayan, 5 heures de route aux paysages généralement époustouflants, nous sommes dans les Andes, ça descend, ça remonte, la route contourne et s’accroche aux montagnes, le chauffeur conduit à la Sud-Américaine, on croise des hommes portant des bouts de bois suivis d’une petite foule, on croise aussi des soldats mitrailleuse à la main, ce n’est qu’en relisant le blog du frère de Françoise ce matin (le 30) qu’on réalise avoir passé à travers la zone rouge, domaine des FARC. Pour diner on arrête au «Parador donde canta la rana», il fait beau et chaud.
 

La ville est très propre et belle, tous les édifices du centre sont en ciment blanc bien lisse ce qui enlève complètement cette apparence souvent délabrée des villes latinos. Les rues sont bondées, est-ce une fête religieuse ou un carnaval, difficile à dire en regardant les gens, on brûle de l’encens et on vend de «la barbe à papa». Impossible de pénétrer dans les nombreuses églises, difficile d’atteindre la table où les artisans vendent leurs produits, c’est noir de monde partout.

On y loue des balcons pour assister au show de la nuit, on croise une estrade ou s’entasse des centaines de policiers recevant leurs instructions pour la soirée, est-ce le Vendredi-Saint ou est le défilé de l’équipe de football de Popayan qui vient de gagner un championnat? Même Houdini aurait de la difficulté à sortir ou entrer dans un hôtel ou un restaurant, tout est barré double tour avec des mécanismes médiévaux infranchissables.
On mange à l’Institut Gastronomique Mona Lisa, Popayan est un haut lieu de la gastronomie mondiale, c’est très bon mais j’en ressors confiant de conserver mon emploi de chef attitré de Madame, pas évident de cuire le saumon à son gout.


Après le souper, vers 21 heures, on assiste au grand défilé de nuit, depuis plus de quatre heures des gens sont assis sur le bord du trottoir pour avoir une place de choix, les plus chanceux ou fortunés possèdent ou ont loué un balcon donnant sur la Sainte-Catherine locale.  
Les gens défilent lentement avec une petite bougie à la main, certains chantent des airs religieux, des groupes portent une petite plateforme où domine une statue religieuse entourée de hauts cierges, ce sont les chars allégoriques de circonstances. Une foule compacte borde les rues.

Au bar jazz Herman Bonilla me dédicace son livre ''Cosas caidas de la nada''
Tous les bars et cafés sont ouverts, on entre dans un jazz-bar où un petit orchestre joue, encore une fois quelle fête on fait à Françoise, dans mes souvenirs l’office du Vendredi-Saint ne ressemblait pas à ça.
On retourne voir la fin de la procession ou de la parade, c’est l’armée, mitrailleuse à la main, qui ferme la marche suivie de quelques boyscouts.

jeudi 28 mars 2013

Pasto, Colombie, le 28 mars

Pour se rendre en Colombie d’Otavalo, on n’a qu’à se rendre sur le bord de la Pan- American, les bus pour Tulcan y  passent régulièrement. Trois heures de route et on arrive à Rumichaca, de là un taxi nous amène à l’immigration Équatorienne en 10 minutes.


Ici on perd une bonne heure, si Simon Bolivar avait fait sa job d’unifier La Grande Colombie, ce serait ça de sauver. On s’engage à pied sur le pont séparant les deux pays et des rabatteurs d’une compagnie d’autobus nous interceptent, plutôt utiles, ils nous guident vers l’immigration Colombienne et nous amènent à la mini-van qui va vers Ipales; de là encore deux heures et on atteint Pasto.
On voit beaucoup de policiers ou de soldats armés de mitraillettes sur le bord de la route, est-ce que l’on se sent plus en sécurité pour autant?
Pasto

C’est Jeudi-Saint et toutes les églises sont pleines à craquer, on ne se croirait pas au pays de Pablo Escobar, mais c’est vrai qu’il était un bon catholique. Il faudra s’habituer à payer 17 900  pour quelques barres tendres et 10 000 pour deux petits morceaux de pizza, et à se promener avec plus de 500 000 en poche. On ne pourrira pas ici, demain on prend le bus pour Popayan dès 8h30.

mercredi 27 mars 2013

Otavalo, le 27 mars

Otavalo
Beau tour privé de 6 heures dans les communautés autour d’Otavalo.


On visite le tout petit village de Cachiviro, (sel de canne en Quechua) ou encore San Pablo pour les Espagnols. Nous sommes sur le bord d’une lagune au pied du volcan Ibabura, le volcan–mère de la région.

Ici 70% de la petite population de 3000 personnes vit de la récolte et de l’exploitation des roseaux du lac. La fabrication d’une natte de la grandeur d’un lit prend environ 4 heures et rapporte 3 à 4$;  peu, mais comme la base de l’alimentation est le maïs, et qu’ils vivent et travaillent dans des maisons froides, sombres, humides et faites en terre d’une seule pièce, ils survivent.

Ils récoltent les roseaux quand ils atteignent 2-3 mètres, pieds nus dans une eau froide pendant une heure, puis ils les font sécher au soleil avant de les travailler.

Ils avaient anciennement un système de radiographie assez avancé, le shaman frottait un cochon d’inde vivant sur tout le corps du malade, puis il ouvrait l’animal et l’examen des entrailles révélait de quoi le patient souffrait; rien ne se perd, rien ne se crée, les radiologistes sont toujours trop payés et font toujours autant d’erreurs.
En se rendant à la cascade de Peguche on observe des habitants faire le lavage dans le ruisseau, les hommes ne portent plus l’habit traditionnel blanc que pendant les fêtes, le travail en esclavage était trop salissant pour perdurer les traditions. Ici les écoles sont bilingues, (tiens!-Pauline); Quechua-Espagnol dans les campagnes et Espagnol-Dinero dans les villes. 


En arrivant sur le site de la cascade on croise un aqueduc construit en 1613 par des esclaves, hommes, femmes et enfants. Belle cascade de 20 mètres, elle est sacrée et contiendrait un trésor d’or, mais des démons la protègent.

Au village de Peguche on visite une fabrique d’instruments de musique andine, nos petits-enfants pourront se pratiquer, on ramène des flutes.



Dans une autre casa, on visite une des dernières familles qui travaille la laine de mouton 100% manuellement, du cardage, au tissage, à la teinture tout est fait manuellement sans machinerie électrique ou hydraulique.

Un vieux monsieur de 80 ans nous démontre sa technique, 8 jours de travail pour préparer 2 kilos de laine de «oveja» avec laquelle ils font de superbes «bufanda» (foulards de laine de mouton).



La teinture se fait dans de l’eau bouillante ou mijotent diverses plantes selon la couleur désirée, ainsi une bactérie du cactus est utilisée pour le rouge. La couleur est fixée sur la laine avec un mélange de sel, de citron et de bicarbonate, le procédé traditionnel à base d’urine n’est plus utilisé.
La ville de Cotocachi se spécialise dans le travail et la vente d’articles en cuir, de très beaux morceaux et à des prix dérisoires.

Dans la réserve écologique Cuicocha, un beau site de plongée pour les amis de Françoise; le cratère d’un volcan de 3000 ans, mesurant 3 km de diamètre a formé un lac aux eaux limpides de 200 mètres de profondeur, le site avec  ses deux îles est vraiment beau.
Petits inconvénients, il n’y a pas de poisson, il s’échappe des gaz et ce volcan est considéré par les volcanologues comme le plus dangereux d’Équateur. (Je m’excuse, on revient de plongée avec un petit retard, une petite éruption nous a retardés).

Dans le jardin de notre hötel  Riviera Sucre

mardi 26 mars 2013

Otavalo, le 26 mars



On quitte le Portal de Cantuca (notre hôtel) et son charmant restaurant, les deux veulent garder une couleur typiquement Quiténienne et c’est réussi. Une bonne demi-heure en taxi pour rejoindre le terminal d’autobus Carcelen-Nord, ce n’est pas qu’il y a un trafic monstre mais la ville fait 30 km de long, enserrée entre les montagnes.


Nous sommes encore à 2580 mètres et le temps est frais, on voit immédiatement qu’on a changé de ville, la faune urbaine est très différente, nous sommes en territoire des indigènes Otavalo et ici dans la parc Simon Bolivar ce n’est pas une statue de lui ou du général Sucre que l’on retrouve mais un buste de Ruminahui, général de l’Inca  Atahualpa.
La majorité des femmes et plusieurs hommes portent un costume traditionnel, blouse blanche en dentelles et longue jupe bleue pour elles et pantalon blanc et longs cheveux nattés pour eux. La spécificité de cette ville ce sont ses marchés, en semaine on visite surtout celui de la Plaza de los Ponchos, qui déborde d’artisanat de toute sorte.

Les fêtes de la Saint-Jean au Québec sont parfois l’occasion de quelques bières de trop dans certains parcs, si à cette période vous voulez sérieusement vous enivrer, venez ici fêter l’Inti Raymi, le nouvel An Inca.
Comment faire dormir un enfant? dans les fruits