On pensait
bien que ce serait le festival des portes fermées, mais on déniche encore
quelques perles au gré des rues. On passe d’abord devant la maison d’où Manuela
Saenz atteignit le Liberator en pleine poitrine d’un bouquet de fleurs.
C’est dans
le monastère de Saint-Augustin que fut signée la première déclaration
d’indépendance de Quito en 1809, mais l’aventure séparatiste se termina dans la
misère d’un isolement total et du massacre de 1810; les corps de beaucoup des
patriotes y sont ensevelis dans ses catacombes.
Au milieu de la cour intérieure, une belle fontaine et une statue représentant les
valeurs des Augustins : Fort comme un lion, mais innocent comme un enfant.
Le couvent,
aujourd’hui en rénovation, fut un temps utilisé comme caserne militaire et les
soldats prirent alors les fresques des plafonds d’inspiration arabe comme cibles
de pratique; à une autre époque les épidémies le virent se transformer en
hôpital, les peintures murales furent alors recouvertes de chaux, matériel acide
qui prévenait la contamination, malheureusement la chaux pénétra dans les
peintures et ne peut être enlevée sans détruire les œuvres sous -jacentes.
On y voit
beaucoup de peintures de l’école Quiténiene, pour expliquer aux sauvages
incultes qui ne savaient pas lire, des choses simples et élémentaires comme le
mystère de la Sainte-Trinité, les peintures étaient alors assez simplistes avec
peu de personnages.
Avec le
temps, des mécènes commandèrent des œuvres plus élaborées pour donner en cadeau
aux monastères, souvent on y trouvait le portrait du mécène à l’intérieur de
l’œuvre. Une autre
technique incorporait des feuilles d’or dans les peintures.
La
technique des sculptures était assez complexe, des indigènes sculptaient dans
le bois une forme grossière que des apprentis élaboraient; ensuite elles
étaient recouvertes de plâtre et de peinture que le maître polissait.
Les indigènes n’avaient pas le droit au statut
privilégié d’artiste, mais les Jésuites durent reconnaitre l’immense talent
d’un indien nommé Caspicara et l’accepter comme maître; ses crucifix sont d’une
précision anatomique de loin supérieure à ses confrères.
Parmi les
statues, un petit Jésus de Prague habillé très modestement, les habits
d’origine ayant été jugé trop ostentatoires dans un pays où il y a tant de pauvreté, l’histoire
ne dit pas ce qu’il advint des perles et autres décorations somptueuses.
Ce sont
les Espagnols qui s’occupaient de l’organisation des ateliers d’arts, avec
l’indépendance ce fut la fin de l’époque d’or de l’art Quiténien.
Il y a un film sur sa vie |
Manuela Saenz vit passer Simon Bolivar sous sa fenêtre et voulut attirer son attention en lançant un bouquet devant son cheval, elle l’atteignit en pleine poitrine. Lors d’un bal ce soir-là il lui dit: Si mes soldats tiraient aussi bien que vous, nous aurions gagné la guerre bien plus vite.
Ce fut le
début d’une passion amoureuse jusqu’à la mort d’El Liberator. On visite sa
maison où on trouve entre autres souvenirs des lettres entre eux et des petits
cadeaux reçus par son chum comme des plats de porcelaine venant du mariage
entre Napoléon et Joséphine. Lisez son histoire, c’est une vraie pasionaria.
Il y
encore tant de musée, d’églises et de monastères dans ce «Quito que queremos»
mais on continuera notre voyage après un dernier concert dans la magnifique
église San Francisco par le Guayaquil Consort qui présente son programme, «Sonidos
del Barroco Aleman».
1 commentaire:
Encore et toujours surprenant pour moi de découvrir autant de merveilles artistiques dans ces pays....
Comme quoi, la créativité se fout de tout, elle fleurit là où l'humain existe, quelque soit son origine. Très réconfortant à côté de ces guerres et pauvretés de toutes sortes ! L'Homme a besoin de la Beauté pour survivre, qu'il le trouve dans la Nature, la Musique ou les Arts.
Bon me voilà philosophique, ce matin. À défaut de me sentir transportée par les Jésuites, Franciscains et autres religieux qui s'animent durant la Semaine Sainte autour de valeurs chrétiennes !
Enregistrer un commentaire