Journée bien rempli
que ce 7 février 2015. Comme hier on n’a pas été admis à l’université on se
rend au Collegio de San Jeronimo pour s’inscrire. Il fut construit entre 1731
et 1737 mais comme il n’avait pas la sanction royale, en 1756 il fut transformé
pour devenir le site de la Royale audience du grand royaume du Guatemala. Les
asiatiques disent que tout ce qui bouge se mange, ici çà prendrait de bonnes
dents et un estomac solide car même les grosses constructions de pierres et de
briques bougent. Le prix de la visite pour les étudiants est réduit de moitié,
mais ce n’est pas ici qu’on aura le diplôme requis pour entrer à l’université.
On se rend donc au
complexe architectural de la Recollection qui hélas, n’est pas dans un meilleur
état, loin de là. Ce sont les Récollets qui le construisirent au début du XVIII
mais en 1773 il subit le sort de tous les bâtiments d’Antiqua, et la ville fut
évacuée.
Pendant longtemps il servit à divers types de squatteurs mais vers le
milieu du XX il aurait servi de centre sportif pour les militaires voulant
s’entrainer au tir. Les très nombreuses traces de balles dans les murs des
ruines laissent imaginer le pire. À cette époque un gouvernement se rebuta
devant la mainmise des compagnies fruitières américaines sur le pays et voulut
procéder à une réforme agraire.
Les grands propriétaires terriens, les «ricos»
et les militaires, supportés par des conseillers de la CIA rétablirent l’ordre
qui nous permet de manger des bananes pour pas cher pendant toute l’année.
Aujourd’hui encore un ex-général actif lors de la dernière guerre civile est
président du pays, ici quand deux courants politiques s’affrontent, on ne tient
pas de référendum. C’est ti-beau la démocratie surtout dans une république où
poussent les bananes.
Covento de la Recoleccion
J'ai eu beaucoup de difficultés à voir les traces de balles des
exécutions!
Aujourd'hui la
liberté de parole au Guatémala est... je ne peux pas en parler mais disons que
les gens peuvent dire qu'ils ont un bon président... ancien général
impliqué dans dans des exactions durant la guerre civile
Voici un des nombreux récits de ce qui s'est passé au Guatémala:
Par Jean-Michel Caroit - Saint-Domingue, correspondant
Le 18 juillet 1982,
une soixantaine de soldats et de paramilitaires commandés par un capitaine
investissent le hameau de Plan de Sanchez, peuplé 300 habitants et situé dans
le département de Baja Verapaz, au nord de la capitale du Guatemala, Ciudad
Guatemala. Les fillettes et les femmes les plus jeunes sont enfermées dans une
maison, torturées, violées, puis exécutées. Dans un autre édifice, les enfants
sont battus à mort. Les adultes sont tués par balles ou victimes de grenades
lancées dans la demeure où ils avaient été régroupés. Avant de se retirer, les
militaires incendient le village.
Au total, 256
personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, mais aussi plusieurs
nouveau-nés et des vieillards, ont été assassinées. Le lendemain, une
patrouille de paramilitaires a obligé les quelques survivants à creuser des
fosses pour enterrer les restes calcinés des victimes. Ordre leur a été donné
de ne pas dire un mot du massacre sous peine de représailles.
Terre ancestrale de
l'ethnie Achi des Mayas, la commune de Rabinal, dont dépend Plan de Sanchez, a
connu plusieurs autres massacres. A la suite d'une série d'opérations de la
guérilla dans la région, plusieurs centaines d'habitants de Rabinal ont été
massacrés le 15 septembre 1981, alors qu'ils étaient rassemblés pour la fête de
l'Indépendance. D'autres villages de la commune, comme Rio Negro, ont été
décimés par les opérations punitives de l'armée et de ses supplétifs.
La plupart des
massacres de Rabinal ont eu lieu entre 1981 et 1983, au plus fort de la guerre
civile qui a fait plus de 200 000 morts entre 1960 et 1996 au Guatemala. Les
généraux Romeo Lucas Garcia, au pouvoir de 1978 à 1982, puis Efrain Rios Montt
(1982-1983), arrivé à la présidence après un coup d'Etat, ont mis en oeuvre une
politique anti-insurrectionnelle contre la guérilla marxiste implantée sur
l'Altiplano peuplé d'Indiens mayas. Leur stratégie s'est inspirée des méthodes
appliquées par l'armée française pendant la guerre d'Algérie et reprises par
les soldats américains au Vietnam. "Les guérilleros sont le poisson,
la population est la mer, si vous ne pouvez attraper le poisson, il faut
assécher la mer", résumait le général Rios Montt en 1982 pour
expliquer la politique de la terre brûlée et le déplacement massif de
populations indiennes.
"Actes
génocidaires"
Selon la Commission
pour la vérité historique (Comision para el esclarecimiento historico, CEH),
créée sous les auspices des Nations unies après la signature des accords de
paix de 1996, au moins 626 villages mayas ont été victimes de massacres et
détruits durant la guerre civile. Environ 1,5 million de personnes, pour la
plupart amérindiennes, ont été déplacées, et 150 000 ont dû se réfugier au
Mexique voisin. L'enquête de la CEH a montré que l'armée et les paramilitaires
des "patrouilles d'autodéfense civile" (PAC) étaient responsables de
93 % des actes de violence, et les mouvements de guérilla regroupés au sein de
l'Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG), de 3 %. Plus de 83 %
des 200 000 personnes assassinées et disparues appartenaient aux différentes
ethnies mayas.
Tant le rapport de
la CEH que celui de la Commission pour la reconstitution de la mémoire
historique mise en place par l'Eglise catholique ont qualifié les crimes de
l'armée d'"actes génocidaires". La Cour interaméricaine des
droits de l'homme (CIDH), instance rattachée à l'Organisation des Etats
américains, a confirmé cette qualification dans plusieurs arrêts depuis 2004.
Les autorités guatémaltèques, elles, ont toujours nié l'existence d'un
génocide. "Il y a eu un affrontement armé interne, mais il n'y a pas
eu d'extermination d'une population pour des raisons ethniques ou
religieuses", a soutenu le général retraité Otto Perez peu avant son
élection à la présidence en novembre 2011. Commandant une unité militaire dans
la province occidentale du Quiche, il a été accusé de violations des droits de
l'homme, qu'il a aussi toujours niées. Dans son ouvrage La Grande Révolte
indienne (Robert Laffont, 2009), le sociologue Yvon Le Bot conclut que les
années les plus sanglantes du conflit guatémaltèque peuvent être qualifiées
de "guerre de massacres à connotation génocidaire".
Pendant plus de
vingt ans, les responsables et les auteurs des massacres ont bénéficié de
l'impunité. Pour ne pas engager de poursuites, les tribunaux invoquaient
l'amnistie accordée par une "loi de réconciliation nationale". A
Rabinal comme dans les autres villages mayas, les survivants ont dû cohabiter
sans mot dire avec les ex-membres des PAC. Les défenseurs des droits de l'homme
qui tentaient de réunir des preuves et de mettre au jour les cimetières
clandestins étaient pourchassés et parfois assassinés.
Il a fallu attendre
novembre 2004 pour que la CIDH ordonne aux autorités guatémaltèques de juger
les responsables du massacre de Plan de Sanchez et d'indemniser les parents des
victimes. Les premiers visés ont été les exécutants. En mars 2012, cinq paramilitaires
ont été condamnés à 7 710 ans de prison chacun : trente ans pour chacun des 256
Mayas assassinés, plus trente ans pour crimes contre l'humanité. Une durée
symbolique : la peine maximale prévue par la loi est de cinquante ans. En août
2011, une première condamnation, à 6 060 années de prison, avait été prononcée
contre quatre anciens soldats de l'unité d'élite Kaibil reconnus coupables
d'avoir participé à un massacre en décembre 1982 dans le village de Dos Erres,
dans le département du Peten.
Longtemps couvert
par son immunité parlementaire, le général Rios Montt a finalement été traduit
devant les tribunaux en janvier 2012 pour génocide et crimes contre l'humanité.
Les avocats de l'ex-dictateur, âgé de 86 ans, ont obtenu qu'il soit assigné à
résidence et ont multiplié les incidents de procédure. Fin juin, la cour
d'appel a ordonné la suspension du procès après qu'ils eurent demandé
l'application de la loi de réconciliation nationale en faveur de leur client.
Selon des
organisations de défense des droits de l'homme, l'intensité de la répression
dans la région de Rabinal s'explique par la volonté du gouvernement militaire
de l'époque de chasser les Mayas de leurs terres pour construire le barrage de
Chixoy, un projet hydroélectrique qui a été financé par la Banque mondiale et
la Banque interaméricaine de développement.
Trente ans plus
tard, les conflits pour la répartition des terres et l'implantation de projets
miniers ou de barrages n'ont pas cessé. En mars 2011, quelque 800 familles
mayas ont été violemment chassées par la police et par l'armée des terres
qu'elles cultivaient dans la vallée fertile de Polochic pour développer un
grand projet de biocarburants. Des milliers d'Indiens ont manifesté le 30 juin
contre l'implantation de bases militaires dans leurs communautés,
officiellement pour lutter contre le narcotrafic.
Le Guatemala demeure l'un
des pays du continent américain où la répartition des terres est la plus
inégale. Les communautés mayas, qui regroupent plus de 40 % de la population,
affichent toujours les taux les plus élevés de pauvreté extrême,
d'analphabétisme et de malnutrition. Selon les Nations unies, près de la moitié
des enfants âgés de moins de 5 ans, pour la plupart des Indiens, souffrent de
dénutrition chronique. Les programmes d'allocations sociales lancés par
l'ancien président social-démocrate Alvaro Colom et poursuivis par son
successeur, Otto Perez, ont à peine réduit les injustices séculaires dont sont
victimes les Mayas
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