dimanche 27 février 2011

Myanmar –Yangon, 25 février


Pour éviter la chaleur diurne, on part tôt pour le centre historique de Yangon. De la beauté des veilles bâtisses coloniales, il ne reste pas grand-chose, le délabrement et manque d’entretien est évident. On passe devant l’hôtel de ville, les ambassades du Royaume Uni, des États-Unis et de l’Inde; au bureau de poste on envoie un paquet de cartes, profitant du prix insignifiant des timbres, un jour, si Bouddha le veut, vous les recevrez. Dernière bataille informatique, actuellement l’internet ici, c’est kaput, espérons le mieux pour l’Inde où nous devrions être demain soir.

Dernière journée dans le pays, il est temps de conclure. Doit-on venir au Myanmar? OUI.
D’abord le pays est magnifique et le sourire constant des gens fait oublier leur extrême pauvreté; pauvreté mais pas misère noire car sauf de rares exception la faim chronique ne semble pas exister ici.
Le site historique de Bagan, ceux près de Mandalay, de Mirauk-U, le lac Inlé valent le déplacement. Pagodes et monastères bouddhiques sont remarquables, celle de Shwedagon à Yangon est une splendeur.
Certes impossible de passer 3-4 semaines au Myanmar sans laisser une partie de nos dollars à la junte militaire. Elle contrôle tout, entrée des sites, compagnies d’avions etc. mais ce n’est pas ce qui fera la différence pour eux, ils vivent de la vente des ressources du pays à la Chine et la Thaïlande, et de drogues? Par contre les quelques 1000 kiats laissés ici et là vont aider. Venez avec un esprit généreux, les Bouddhas n’ont pas besoin de vos offrandes, mais le petit objet à 10$ qui vous intéresse, vous pourriez l’avoir pour 4-5$, laissez en donc 6-7$, un café chez Tim Horton’s pour vous, une journée de salaire pour eux; gardez vos talents de grands négociateurs pour ailleurs.
Mais surtout votre venue leur permet de sortir de la grande noirceur intellectuelle dans laquelle le gouvernement les tient.
Voyager au Myanmar, de la façon que nous avons choisi, agence et guides est super facile et sans aucun problème. Oui le pays est très pauvre, mais cette pauvreté, nous la côtoyons, la voyons mais ne la vivons pas.
Nos guides : Formidables pour la grande majorité.
Celui de Sittwe et Myauk-U est celui qui souffre le plus du manque d’informations et de liberté d’expression. Photographe, avec un père journaliste et écrivain il est très impliqué avec les communautés les plus pauvres de sa région (achat de médicaments personnalisés). Nationalisme de sa région il pourrait dire: Vive l’Arkane libre, libre de la junte militaire, libre du Myanmar et libre du fanatisme musulman. Nous y avons laissé un ami.
La jeune fille, guide à Mandalay, défend encore du bout des lèvres une partie des actions de son gouvernement, (50-50) mais ses rires et son non verbal ne trompent pas. Elle a sur le cœur le colonialisme britannique et le pillage que la Chine fait dans son pays. On n’oubliera jamais son: ‘exuse me’, qui commençait tous ses commentaires et son: ‘In the former time…’ À son âge elle espère le progrès, pour notre chauffeur le temps de changer le régime c’est NOW!
À Bagan, notre guide ne l’était pas dans l’âme, il lui manquait un petit fini et les petites attentions et dévouement des autres. C’était un sportif et un businessman. Deux belles journées quand même où Françoise et lui viraient à l’Espagnol dès qu’une oreille dangereuse s’approchait. Car il avait PEUR, il vivait à Yangon quand les moines furent matés par l’armée, il a VU.
Au lac Inlé, nous laissons un autre ami, plus instruit, études universitaires en biologie, il adore sa région et son travail. Il s’extasie encore devant des endroits qu’il a du voir des centaines de fois. So nice, so beautiful. Avec une conscience sociale et écologique, il reste amer d’être sans emploi 8 mois par année. La saison touristique au Myanmar est nov.-déc.-janv.-févr. Après c’est trop chaud ou trop pluvieux.
Pouvons-nous oublier le docteur dans le petit village de Sagar, qui se dévoue envers et contre tout, et qui veut que le monde sache ce que vit son pays; nous n’oublierons nous non plus la petite Pao, qui pense qu’en écrivant des courriels en Pao, elle trompe le gouvernement.
Le futur du pays? Avec une population jeune, ne crevant pas de faim et parlant un peu d’anglais, avec une terre fertile, avec des fleuves et rivières donnant l’eau requise, avec encore des richesses naturelles, ce pays n’est pas un cas désespéré. Mais le temps presse, combien d’années de pillage Chinois pourra t’il subir sous l’œil bienveillant du gouvernement qui s’appuie sur elle, avant d’être vidé de ses ressources. Le réseau routier est lamentable, de meilleures routes aideraient au peuple ou accentueraient le pillage? Le bouddhisme qui draine une grande partie des faibles ressources des pauvres gens est-il un fardeau ou une façon de survivre moralement?
Comme disait un médecin rencontré: Ici le problème n’est pas la pauvreté, c’est l’ignorance.

1 commentaire:

Manon a dit…

Finalement, il ya plusieurs similitudes entre le Myanmar et le Québec: des gens qui aiment leur pays, dont plusieurs se dévouent à des causes sociales, qui se font voler leurs ressources par des étrangers, qui ne se révoltent pas contre leurs gouvernements même s'ils auraient toutes les raisons de le faire. Et on devient de plus en plus ignorants...